Dernière sortie pour Brooklyn
Aucun cinéaste n’avait osé s’attaquer au roman mythique de Ubert Selby Jr, « Dernière sortie pour Brooklyn ». Ce sont des Allemands, les responsables de « Moi Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée… » qui se sont lancés dans l’aventure. C’est assez logique : l’univers en est aussi glauque. Nous sommes en 1952. Le syndicaliste Harry tient sa permanence à proximité d’une usine en grève. Lors d’une virée nocturne, le viril militant tombe dans les bras de Regina, un homosexuel. Envahi par sa passion, il oublie tout, commet des fautes graves dans la conduite de la grève, se fait virer et, au fond du désespoir, se fait crucifier par ses ex-copains. Pendant ce temps, à force de désinvolture, la petite prostituée Tralala connaît une déchéance progressive, jusqu’au viol collectif dans un terrain vague. La reconstitution de Brooklyn dans l’après-guerre est à la fois minutieuse et spectaculaire. Les scènes de foule, comme l’affrontement des grévistes et de la police, ne manquent pas de souffle. Le point faible est, sans doute, la neutralité passive du comédien qui incarne Harry (Stephen Lang). En revanche, le personnage de Tralala nous permet de retrouver, en blonde oxygénée aux décolletés sexy, la superbe Jennifer Jason Leigh qui fut la découverte de « La chair et le sang » de Paul Verhoeven. Pour son très joli numéro, empruntez cette « Dernière sortie » !