Je suis le seigneur du château
Ce château-là est bâti en Bretagne, au bord d’une forêt comme celles où les scouts de la collection « Signes de piste » organisaient leurs jeux. D’ailleurs, c’est un peu ce qui va se passer entre Thomas et Charles, dix ans. Le premier est le fils du châtelain (Jean Rochefort), un veuf digne et moustachu. Pour l’aider, il recrute une gouvernante (Dominique Blanc), fraîche et courageuse, mari disparu en Indochine, qui est la mère du second. D’emblée, entre les deux garçons, c’est la guerre. Juché au plus haut de son donjon, Thomas, qui a vu sa mère mourir sous ses yeux, guette l’arrivée des intrus, arrogant et hostile. «Je suis le seigneur du château » se répète l’orgueilleux gamin, prêt à toutes les vilenies pour défendre son territoire. » Ne racontez surtout pas l’histoire », prévient le réalisateur, Régis Wargnier (« La femme de ma vie »). Il a bien raison. Parce qu’on devine que l’affrontement entre les deux enfants sera impitoyable, mais il y a trop de rebondissements et de revirements qu’on gâcherait en les révélant à l’avance. Dure époque, l’enfance ! Mais quel film magnifique. Là musique de Prokofiev soutient de bout en bout ce suspense qui étreint irrésistiblement le spectateur.